Le choix du nom d'un projet est toujours un acte fort dans la naissance d'une idée. La genèse de la création de L'apostrophe vient de loin. J'ai toujours été fasciné par la ponctuation. Ces signes visuels communs à tous, en apparence si modestes, qui régissent pourtant la compréhension et l'ordonnance d'un récit, qui viennent l’orchestrer, le colorer, lui donner du rythme et du sens.
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J'ai toujours favorisé une approche conceptuelle forte comme une capsule narrative, ponctuée de respirations, d’idées fortes sans lesquelles le projet ne résiste pas. Je considère la ponctuation comme une abstraction de ce concept et le ciment qui fonde mes projets. Elle accompagne le déroulement de la pensée.
​​Le parallèle avec l'architecture intérieure était tout trouvé. Notre mission est de donner du sens, d’organiser et régir les espaces comme autant de respirations, tout en restant presque invisible. Savoir s'effacer pour donner du sens à l'essentiel, vivre, au sein de ces espaces.
Et pourtant, bien manier la ponctuation (comme l'architecture d'ailleurs pourrait-on me répondre !) est un exercice périlleux. Un exemple frappant : « Allons manger, les enfants ! » est très différent de « Allons manger les enfants ! ». Une seule petite virgule transforme un parent attentionné en ogre assoiffé du sang de sa progéniture. ​
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pologie de la ponctuation
Ponctuation comme respiration
"Tout ce qui est indiqué dans le récit occupe alors un espace différent, l’espace entre les mots est mis en valeur, il marque une pause.
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Les mots, séparés par des espaces plus ou moins grands, entrainent un dialogue entre le noir et le blanc comme autant d’espaces positifs et négatifs.
Un groupe de mots vient isoler une idée précisée par un texte entre parenthèses. Une simple virgule bien en place, et le texte a une tout autre valeur. ​À l'inverse, l’absence de ponctuation est aussi un geste fort. La coupure manque, la lisibilité est entravée. ​Mettez un point final, et tout le monde pensera que vous avez raison.
À l'inverse, l’absence de ponctuation est aussi un geste fort. La coupure manque, la lisibilité est entravée. ​Mettez un point final, et tout le monde pensera que vous avez raison.
Un groupe de mots vient isoler une idée précisée par un texte entre parenthèses. Une simple virgule bien en place, et le texte a une tout autre valeur. ​
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La ponctuation comme intonation
Mais l’intonation, elle aussi, est régie par virgules et autres points d’exclamation, ou points d’interrogation.
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Avec un espace devant ou espace derrière, pour aérer l’échange, on crée le silence par l’espace.
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Celui qui met un point final à un texte, une virgule mal placée, de gros points, est souvent autoritaire.
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Séparer les mots peut donner de la puissance à la phrase qui précède, une phrase entière ; le sens de la phrase étant renforcé.
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Alors pourquoi l’Apostrophe
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Ce signe en particulier marque une élision, c’est-à-dire la suppression d’une lettre ou d’un son. Contraction, synthèse, optimisation sont des thèmes communs à l’architecture qui résonnent particulièrement en moi.
L'optimisation de l'espace, la création de formes épurées, tout converge vers une vision où chaque élément compte, où chaque détail est une décision réfléchie.
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Mais l’apostrophe va au-delà de son rôle classique. C’est aussi une figure de style qui consiste à s’adresser directement à quelqu’un (ou à quelque chose !).
C’est une invective, une interpellation, qui attire l’attention et suscite la curiosité et c’est exactement ce que nous intégrons à nos projets : des moments d’interpellation, des détails qui captivent et éveillent la curiosité.
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Souvent oubliée dans l’écriture moderne, emportée par la frénésie du quotidien et ce besoin de toujours accélérer, le choix de marquer l’apostrophe est un geste fort, une invitation à ralentir et apprécier la vie.
Dans ce monde de l’immédiateté, l’Apostrophe se dresse comme un rempart, une pause et un appel à savourer chaque instant.
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Chacun de nos projets possède cette caractéristique de rentrer dans un dialogue silencieux avec l’espace, une conversation où chaque apostrophe compte, où chaque détail est une invitation à explorer, à ressentir, à vivre.
Parce que dans la ponctuation comme dans l’architecture, chaque signe, chaque élément a sa propre histoire à raconter.